Le 8 mars, Journée internationale des femmes est célébrée en reconnaissance des réalisations des femmes en ce qui a trait à la défense des droits fondamentaux et spécifiques, ainsi qu’à la prévention de toutes les formes de violence dans les pays.
C’est l‘occasion de faire le point, de célébrer les luttes gagnées, les droits acquis, mais surtout un jour d’appel à la mobilisation et à l’action, pour tout ce qui reste à faire pour l’accomplissement réel des droits des femmes et leur pleine participation aux processus social, politique et économique.
D’où vient cette date ?
Deux faits historiques marquent l’origine de la date du 8 mars. Le premier « une manifestation pour le droit de vote des femmes organisée par le Comité national de la femme du Parti socialiste américain tenue le dernier dimanche du mois de février 1909. Connue sous le nom de Woman’s Day, elle demeure l’une des activités officielles du comité et sera célébrée annuellement aux États-Unis jusqu’en 1914 ». Le deuxième événement est la 2eme Conférence internationale des femmes socialistes en 1910 à Copenhague, lors de laquelle l’Allemande Clara Zetkin, proposait l’instauration d’une journée des femmes qui serait célébrée à chaque année, pour servir de propagande pour l’obtention du droit de vote des femmes. Proposition qui a fait l’unanimité auprès des déléguées des 17 pays présents. Entre 1911 et 1977, aucune date n´était réellement fixée, mais des célébrations sporadiques se faisaient en Europe, en Amérique du Nord et d’autres parties du monde, tantôt le 19 mars, tantôt à la fin de février ou au tout début du mois de mars, mais l’essentiel était qu’une date soit marquée presque dans une même période au niveau mondial pour rappeler les revendications des femmes.
Ainsi, à la suite de la consécration de l’année 1975, décrétée année internationale de la femme, l’Organisation des Nations Unies (ONU) adopte, en décembre 1977, une résolution pour inviter chaque pays de la planète à consacrer une journée à la célébration des droits des femmes et de la paix internationale. D´où le sacre du « 8 mars » comme journée internationale de la femme.
Depuis lors, diverses actions ont été entreprises par les femmes afin de se doter d’instruments juridiques capables de les guider, mais surtout de rallier les gouvernements au respect des engagements pris pour l’amélioration des conditions de vie des femmes de chaque pays. Au nombre de ces instruments juridiques nous pouvons citer les deux fondamentaux : la déclaration de Beijing (incluant son programme d’actions et d’engagements complets en réponse à 12 domaines critiques pour les femmes adoptés par 189 gouvernements) ainsi que la convention Belém Do Para (sur l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes).
Mais qu’en est -il aujourd’hui, quant à l’application de ces engagements ? Des avancés sont constatées sur la question des Droits des femmes certes, mais de la Paix internationale qu´avons-nous fait ?
La question de Paix tant recherchée par les femmes dès l’origine de leur lutte semble aujourd`hui être négligée, à en voir ce qui se passe dans certains pays de l´Afrique et du Moyen Orient où les conflits armés ne cessent de mettre les femmes dans des situations les plus inhumaines. Les femmes sont les premières victimes de ces conflits, perdant ainsi maris et progénitures, se retrouvant en fuites dans des milieux dangereux, exposées à toutes sortes de risques. Elles vivent dans des camps de fortunes sans identité citoyenne, dépourvues de tout, mêmes des services de bases les plus élémentaires : eau potable, soin de santé et subissant des violences de tous ordres. Dans le cas du Sud Soudan par exemple, selon UNICEF la situation est cruciale où presque 1,9 million de personnes sont déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants, et plus de 1,6 million de personnes ont fui vers des pays voisins en quête de sécurité.
Dans ces genres de situation, les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables aux violences physiques et sexuelles ainsi qu’à l’exploitation. Elles sont nombreuses à subir de terribles violences en quittant leur foyer. Elles sont extrêmement vulnérables et en proie à de nombreuses difficultés qui persistent même lorsqu’elles sont dans les camps de réfugiés qui devaient leur assurer une relative sécurité. En effet, depuis le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la Résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. C’est un texte historique qui reconnait le rôle décisif des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, les négociations de paix, la participation aux opérations de maintien de la paix, à l’action humanitaire et aux efforts de consolidation de la paix après les conflits.
En tant que gardiennes de la culture et éducatrices auprès de leurs familles, il est temps que les femmes cessent d’être moins de 10% sur les tables de négociation de paix dans le monde et 3% des signataires d’accords de paix tel que constaté par ONUFEMMES. De ce fait, les femmes doivent pouvoir accéder aux espaces de décision, afin d’être représentées à la table des négociations et impliquées davantage dans les efforts de reconstruction des sociétés brisées par les conflits.
Face à cette responsabilité de promouvoir la paix, il ne suffit pas seulement de célébrer le 8 mars, mais plus que jamais de réfléchir et trouver de nouvelles approches pour que les pays en guerre adoptent et bâtissent des plans et des stratégies d’action pour la paix et le développement durable.
Alors à vos marques !!!
Marie Nikette LORMEUS
MSc. Politique de l’Enfance et de la Jeunesse
Spécialiste en Genre et Développement
Analyste en Evaluation à Universalia